Question succinte, à la son sonorité étonnante, au sens innatendue. Pourtant, il était impossible de ne pas se la poser. Qu'est ce que Gaby faisait ici ? Ici, signifie dans une église, maison de Dieu, haute architecture aux voutes en ogives, lumières matinales entrant par les vitraux colorés. Majestueuse autant qu'imposante, s'élevant vers le ciel, impossible de la manquer. Elle représentait la croyance, la foi envers le tout-puissant, en l'avenir aussi.
Mais alors, qu'est ce que Gaby faisait là ?
Un dos nu laissant parfaitement apparent le pentagramme inversé, gravé dans sa chair avec la lame d'un cutter. Provocation pure, signe sataniste inscrit définitivement en elle par les coutours pâles et boursouflés du dessin scarifié. Et si entrer dans une église avec ça sur le dos n'était pas du défi, qu'étais-ce alors ? Un rictus froid tordait le coin de ses lèvres, sans enlaidir son visage outrageusement maquillé, mais le rendant plus cruel encore qu'il ne l'était déjà. Pour continuer sur le point de description physique, elle avait une minijupe d'une taille ridicule, d'un rose plus que pétant et d'un tissu écossais complétement destroy ; retenue par une ceinture décorée de boucles et chaînes diverses. Ses jambes étaient ceintes de jaretelles à rayures déchirées, des chaussures ouvertes dont le talon et la platforme devait avoisiner les 10cm. Sans oublier ses poignets ornés de bracelets à longues pointes, accordés à son collier et nous auront fait le tour de l'aspect vestimentaire de Gaby pour la journée, aspect bien moins intéressant que sa personnalité. Mais savoir à quoi elle ressemblait donne une excellente idée de ce qui peut se cacher derrière son regard glacial.
Elle était entrée ainsi dans l'église, fringuée comme une fille des trottoirs, faisant claquer le haut talon de ses chaussures sur le sol dallé, poli par les miliers de pas qui l'avait foulé. Ne tenant aucun compte du fait qu'elle brisait totalement le silence et la quiétude de ce lieu de receuillement, elle faisait tâche, crachant avec l'atmoshpère de l'endroit comme c'est difficile de le faire. Balayant l'intérieur du bâtiment d'un regard vif, elle aperçut rapidement la gamine agenouillée par terre, les mains jointes dans une prière muette. Gaby leva les yeux au ciel et cracha par terre, faisant toujours preuve d'un irrespect total envers la religion et les lieux qui auraient du être sacrés. Après quelques instants d'immobilité à peser le pour et le contre, elle se décida à se diriger vers la fille, une blonde aussi mais aux teintes platines par opposition à celles contrastées de la chevelure de Gaby. Ladite fille se retourna rapidement dès qu'elle perçu son approche, vivacité exercée de celle qui savait se battre. Elle n'était néanmoins en rien comparable à Gaby qui la dépassait par la taille, par l'âge et sûrement par les capacités. De toute façon, elle avait plus d'experience, et une détermination infaillible puisqu'elle n'avait plus rien à perdre. C'est ce qu'elle évaluait en ce moment, les capacités de combat de celle qui lui faisait face. La main que cette denrière posa sur son couteau la conforta dans ses idées. Elle n'était pas tombée sur la pacifiste du coin et malgré la difference d'âge, elle en découdrait sûrement. Enfin, rien ne prouvait qu'elles finiraient par se jeter l'une sur l'autre.
Le sourire de Gaby s'étira en un quelque chose de carnassier et d'inquiétant, reflet du prédateur. Imperceptiblement, elle avait déplacé son poids, prenant appui sur sa jambe droite, la main qu'elle leva sous forme de geste appaisant n'ayant que pour but d'achever sa garde. Résultat de si nombreuses années d'entraînement, de combats acharnés, elle savait comment prévoir l'attaque de la blonde. Même si aucune arme n'apparaissait entre ses doigts, elle saurait prestement saisir de quoi se défendre. Néanmoins, elle n'esquissa pas un geste de plus, réstant vérouillée dans sa position de défense, prête à tout éventualité. On croise rarement une fille armée dans une église, fille qui semblait d'ailleurs, ne pas avoir peur de se servir de ton arme.
Elle ne pris pas la peine de répondre à sa question, se contentant d'un éclat ironique derrière le vert artificel de ses yeux, ironie teintée de défi. Quand elle provoquait, elle ne faisait pas semblait et la flamme qui étincelait derrière ses pupilles clamait ouvertement qu'elle se foutait de la gueule de celle qui lui faisait face. Sa voix conforta cette impression, moqueuse au possible.

-Hey, Gamine, tu ne devrais pas jouer avec un couteau. Tu finirais par te couper...

L'éclat dans les yeux de Gaby se teinta d'une vague déception. Elle ésperait tomber sur une fille intelligente, mais sa réaction prouvait le contraire. Comme elle l'avait prévu, elle s'était enflammé au "gamine", comme elle l'avait prévu, elle s'était plus ou moins jeté sur elle. Et Gaby méprisait les gens prévisibles. Ainsi les jeux étaient fait, elle ne ferait pas de cette jeune blonde une alliée, de toute façon, il était temps qu'elle se trouve des ennemis. La vie est ennuyante si l'on ne cotoie que des gens nous ressemblant. La personnalité qui lui faisait face semblait terne, blasée des mecanismes instinctifs d'une vie douloureuse, mais qui n'a pas suffit à donner le goût de la différence. Quelqu'un qui n'interessait pas Gaby, quelqu'un de plus qu'elle mépriserait.
La gamine avait sorti son couteau, un suisse au mache de bois et dont les lames semblaient dorées. Il semblait de riche facture, sûrement efficace et loin du gadget que l'on retrouve souvent à la main des amateurs. Non, elle devait savoir s'en servir, ce qui loin de déranger Gaby lui tirait un sourire plus froid encore. Elle aimait bien la confrontation, et tomber sur quelqu'un qui savait faire autre chose que de la regarder stupidement. Cette église ne resterait pas tranquile longtemps, mais personne ne viendrait pour les séparer.
Elle prit le temps d'examiner en détails celle qui lui faisait face, celle qui faute de mieux devait porter le sobriquet de "gamine". Elle approchait d'une démarche lente avec la courte lame de son couteau suisse. Gaby eut une moue, on ne se bat pas avec un couteau suisse, aussi efficace soit-il. Mais elle-même ne sortirais sa lame que plus tard, elle avait le temps. Le temps de jauger. Les pupilles dilatés, masquant quasiment la totalié de l'iris. Signe précurseur du manque. Le sourire déjà peu avenant de Gaby s'étira en un rictus cruel. Si la crise prenait la fille durant la confrontation qui ne manquerait pas de suivre, cette dernière n'avait aucune chance. Oh, pour l'avoir vécu, elle savait très bien ses effets. Il suffisait d'attendre et les tremblements arriveraient, la bouche sèche, la fièvre. Restait à savoir si la gamine était vraiment accros où si ce n'était qu'une opportuniste qui ne se droguait pas assez pour que la crise de manque soit violente. Car une vraie, c'est moche à voir. On devient une loque. L'éclat qui brûlait dans les yeux de Gaby était calculateur et ne présageait rien de bon, vraiment rien de bon. Elle avait sur elle un peu d'héroïne, elle en avait toujours un quart de gramme, au cas où. Cette fois, ça allait peut-être lui servir.
Néanmoins, elle fut intérropue dans ses prévisions par la voix arrogante et froide de la fille. Non choupette, tu ne sais pas le faire. Celle de Gaby trancha, glacée comme une lame, morsure agressive. Ton autoritaire et méprisant, le dédain brodé de la morgue. Pas une condéscance teinté de pitié, mais la supériorité écrasante de celle qui se croit au-dessus. Voluptueuse et sombre, accents lourds et froissés.

[ T'inquiète, je patienterai x) Mais compte pas sur ma gentillesse pour autant x) ]

Les symptômes de la crise de manque se faisait de plus en plus visible, même si elle ne l'aurai pas remarqué avant, ça aurait crevé les yeux qu'elle avait besoin de sa dose de drogue. Les pupilles grandes comme des soucoupes, la main agitée de tremblement. Bien qu'elle essaye encore de garder une contenance et une dignité, on ne pouvait pas dire qu'elle y arrivait bien. Elle ne devait pas avoir eu beaucoup de crise, car elle semblait indécise, ne sachant que faire. Le plus intelligent dans une situation normale aurait été de tourner les talons et d'aller chercher de quoi se faire un shoot. Sauf qu'il y avait Gaby au même endroit, et que si cette blonde lui tournait le dos, elle se prendrait sûrement la lame du poignards entre les omoplates, l'acier fiché jusqu'à la garde. Cela réduisait de beaucoup les possibilités de fuite qu'avait la fille.
La fille finit par répondre à sa question, après avoir passé quelques instants à se reprendre et à essayer de cacher les tremblements de ses mains. Ce n'était qu'un début pourtant. Ainsi, elle s'appelait Riiko. Bon, c'est pas que ça intéressait Gaby, mais au moins elle avait un nom à mettre sur un visage.

-Gamine, ça n'est pas un prénom non plus. Ce qui ne m'empêchera pas de t'appeler ainsi. Néanmoins, je m'appelle Gabrielle...

Le nom de Gaby était quelque chose qui souvent provoquait l'étonnement. Elle n'avait pas la gueule à porter le même que celui d'un archange. Ceci-dit, les rares qui s'étaient foutu de sa gueule avait goûté à la morsure acéré de son poignard, le même dont la lame pointait le sol. En général, ça calmait toutes velléités de moqueries. De toute façon, les remarques acides ne touchaient pas Gaby qui passait bien au-dessus de ces constatations. Elle avait l'habitude et elle avait entendu assez d'horreur pour que de basses insultes la laisse de marbre. Il faudrait plus que des mots pour la blesser.

-Que de paroles pour ne rien dire...

Remarque ironique et froide. Voix tranchante et amusée. Elle soulignait froidement qu'il était inutile de faire de longues phrases si c'était pour déblatérer des conneries. Riiko semblait avoir réussi à mettre de côté les symptômes de la crise de manque, mais ils reviendraient à la charge. Sueurs froide, bouche pâteuse, tremblement incoercibles, vertiges, hallucinations. Et là, la gamine serait complètement à la merci de Gaby, cette dernière n'aurait aucun mal à maîtriser la loque qu'elle restait de devenir. Mais il restait une option, néanmoins, cette dernière requerrait de la compassion, ce qui était au-delà des conceptions idéologiques de Gaby. Il fallait donc tourner le problème autrement.
Elle sorti un petit sachet, contenant un fond de poudre blanche. Précisément un quart de gramme d'héroïne. Considérée comme une des drogues les plus dangereuses, à l'addiction rapide et puissante. Riiko ne devait pas en consommer, elle serait déjà par terre sinon, la crise de manque étant foudroyante. Mais qu'importe. Gaby, elle, avait sa came, restait à trouver un terrain d'entente.
Gardant entre ses doigts fermement serrés le sachet, elle fit mine d'observer le contenu. Elle savait parfaitement ce qu'il y avait dedans. Avec un soupir, elle releva les yeux vers Riiko. Elle avait l'avantage, et un sacré avantage. En fait, elle pouvait faire plus ou moins ce qu'elle voulait de la fille. Quand on est en manque, on devient un résidu, décadence absolu, soumission totale pour obtenir un peu de drogue. Certes, elle n'en était pas là, mais plus elle attendait, plus elle risquait de tomber bas.

-Tu me donnes quoi pour ça ?